C’est presque passé inaperçu mais en 2017, un essai a été fait dans une tour pour établir un nouveau record de vitesse !
Revenons sur l’histoire de cette course à la vitesse
- 1931 : Otis. Les ascenseurs Otis de l’Empire State Building atteignent 7,1 m/s. Ils ont conservé leur titre longtemps. La tour elle-même est restée la plus haute du monde jusqu’en 1967.
- 1972 : Otis. Ce sont justement les ascenseurs Otis des Tours World Trade center à New-York encore qui détrônent les précédents à 10,2 m/s. Les Tours elles-mêmes sont les plus hautes jusqu’en 1974, avec leurs 415 mètres de haut.
Ces tours sont détrônées ensuite par la Willis Tower à Chicago, équipée d’ascenseurs Schindler à 8,1 m/s, ce ne sont donc pas les plus rapides au monde.
De la même façon, les Petronas Tower, championnes de hauteur de 1998 à 2004 seront équipées d’ascenseurs Otis dont les plus rapides se déplacent à 7 m/s.
Les japonais entrent en course avec une tour de 296 mètres à Yokohama !
- 1993 : Mitsubishi. À Yokohama, avec la Landmark Tower, Mitsubishi établit le record. Il fait circuler son ascenseur à 12,5 m/s.
- 2004 : Toshiba. C’est la Tour Taipei 101, soit 101 étages et 508 mètres qui devient la plus haute du monde avec les ascenseurs les plus rapides du monde . Elle le restera jusqu’en 2007. Le record de vitesse est alors de 16,83 m/s. C’est un bond vis-à-vis du 12,5 m/s de Yokohama.
C’est la tour Burj Khalifa à Dubaï avec ses 829 mètres qui devient la plus haute du monde en 2007, mais ses ascenseurs OTIS se déplacent raisonnablement à 10 m/s.
- 2015 : Mitsubishi. La revanche, il fait circuler son ascenseur à la vitesse de 18 m/s dans la Shanghai Tower de 632 mètres qui est aujourd’hui la 2ème plus haute tour au monde.
- 2 juin 2017 : Hitachi. Lors d’un test, dans la tour CTF Finance, l’ascenseur a parcouru 1260 mètres en une minute, soit une vitesse de 21 m/s !
Par contre, la vitesse de fonctionnement reste à 20 m/s pour les usagers.
Hitachi nous dévoile quelques caractéristiques de sa formule 1
- Moteur synchrone à aimant permanent : c’est la technologie qui s’est imposée depuis le Monospace de KONE en 1996, depuis que l’on sait fabriquer des aimants puissants et des semi-conducteurs puissants pour piloter la variation de fréquence.
- Des câbles à haute résistance et poids léger.
- Un système de freinage (parachute) résistant à des très hautes températures.
- Sécurité et gain d’espace grâce à un limiteur de vitesse à vitesse variable en montée et en descente.
- Un guidage par rollers actifs (c’est ce qu’avait déjà expliqué Mitsubishi) avec un système magnétique qui permet de réduire les accélérations latérales.
- Un contrôle de la pression d’air dans la cabine.
Une touche de physique pour garder les pieds sur terre
Sur le plan de l’utilité il faut noter qu’il y a assez peu de temps à gagner en passant de 10 à 20 m/s alors que le coût est multiplié plusieurs fois.
En effet, l’accélération doit être limitée à 1,2 m/s, pour ne pas avoir la sensation désagréable d’être collé au sol : nous n’avons pas tous l’entrainement de Thomas Pesquet qui s’est pris 4 g au décollage de sa fusée et a été entraîné à 9 g !
Pour arriver à 20 m/s, il faut 200 mètres pour atteindre sa vitesse maximale et autant pour décélérer. Dans une gaine de moins de 400 mètres, même sans arrêt intermédiaire, l’ascenseur n’atteindra jamais ses 20 m/s.
Un calcul rapide montre que pour une course de 450 mètres, le plus rapide va mettre 45 secondes et le 10m/s va arriver seulement 15 secondes plus tard, le temps de course n’est pas du simple au double !
En plus, à la descente il n’est pas question de dépasser les 10 m/s, vous connaissez tous les problèmes de dépressurisation des oreilles.
Donc cette course à la vitesse a été pour l’essentiel, une course de prestige. Cependant, il y a eu des retombées technologiques importantes.
Qui va vouloir battre ce record ?
Certains pronostiquent une vitesse maximale raisonnable de 25 m/s. Ce pourrait être un challenger qui mettra sur la table, quelques millions d’euros pour y arriver.
Un dernier détail, pour la tour la plus haute du monde, de 1000 mètres. En construction à Djeddah, KONE annonce les ascenseurs double-pont les plus rapides du monde, à … 10 m/s.
En France, les ascenseurs les plus rapides sont les ascenseurs KONE de la Tour Areva. Ils se déplacent à 7 m/s.
Quand la Tour Fiat a été construite en 1974, ses ascenseurs d’origine étaient des Westinghouse de même vitesse.
Enfin, la plupart des ascenseurs vendus en France aujourd’hui sont des 1 m/s. Et jusqu’à 2,5 m/s dans des plus grands immeubles ou encore à la Tour Eiffel.